Chronique: Vacances d’automne

C’est les vacances d’automne en Belgique. Les enfants sont à la maison et s’occupent en aidant à la ferme. En plus de nos poules, nous avons encore quelques moutons et 3 bovins. On est donc dans les travaux de décrottage, de rangement et de peinture en ce moment. En raison de la crise sanitaire, les enfants ont une semaine de vacances supplémentaire. Pratique, vu que les agneaux vont naître. Je suis occupée, quand soudain j’entends cacarder au-dessus de moi. Encore une troupe d’oies. Petite, partant en vacances avec ma famille, je les trouvais magnifiques : les canards, les oies, les cigognes. Aujourd’hui, je déteste leur cacardement. Et surtout quand je l’entends au-dessus de nos écuries, et que nous sommes dans un mois avec un « r ». Ce n’est qu’une question de temps avant que les premiers oiseaux atteints de la grippe aviaire soient découverts. Il y a toujours un premier cas, un avertissement. A ce moment-là, nos poules seront elles aussi confinées.

Confinement, le mot de l’année 2020. On ne dit plus « enfermer », c’est tellement 2019. Les fêtes et les vacances de même. Cette année, tout ce qu’on a c’est le travail. Nos enfants nous demandent des fois s’il y a encore des jours où on ne travaille pas. Quant à moi, je m’inquiète à propos de la santé des membres de la famille qui travaillent avec nous. Imaginez que le covid touche notre entreprise. Et si on tombait tous malade ? Pourrons-nous encore travailler ? Mes parents font partie du groupe à risque et les grands-parents sont âgés.

Les chances de survie de notre famille face au coronavirus sont en tout cas plus grandes que celles de nos poules en cas de grippe aviaire. C’est pourquoi nous sommes nerveux. Les tapis de décontamination, des bottes et rien n’entre ou ne sort. Ce qui est également très important pour moi, c’est la lutte contre les parasites. Ces derniers ne changent pas de chaussures. Tant que les oiseaux sauvages nous survolent, le danger guette pour chaque élevage de poules.  La plus grande crainte d’un éleveur de poules, c’est le silence dans son étable. Je ne peux plus m’imaginer ma vie sans le caquetement constant de mes poules, sans les matinées chargées et une masse d’oeufs.

On prétend parfois que l’élevage intensif est responsable de virus, de pandémies et de zoonoses. Je ne vais certainement pas nier que le danger existe. Toutefois, je suis convaincue que nous élevons des poules de façon très contrôlée et coordonnée. J’ose même dire plus : selon moi, l’élevage intensif de poules fait justement en sorte qu’il y a moins de contact entre (plusieurs) personnes et animaux, réduisant les risques de zoonoses.

Il est primordial de rester chez soi. Eviter tout contact avec des malades et prévenir la propagation en évitant le contact avec et le transport de virus. Si seulement nous pouvions arrêter la propagation aérienne, notre problème serait peut-être résolu. Car la grippe aviaire reste la maladie des oiseaux aquatiques sauvages. Il faut oser appeler un chat un chat. Le coronavirus est venu des animaux sauvages. L’élevage intensif d’humains pourrait apprendre quelque chose des méthodes de l’élevage de volailles.

Nous espérons que nous pourrons bientôt revenir à la normale. Je ne sais pas si ce sera la normale du passé, ou celle de l’avenir. Du moment que nous pouvons être à nouveau proches les uns des autres dans les bons et les mauvais jours.

 

Mariëlle Schalk (32 ans) dirige, avec son mari Wim, son frère Ron, sa mère Greet, son père Christ et avec l’aide de quelques employés externes, l’entreprise de poules pondeuses « ‘t Kakelhof » à Meer (Belgique), juste à côté de la frontière néerlandaise. Bon pour 5 écuries, avec un total de 220.000 poules pondeuses. L’entreprise dispose également d’un vaste magasin de distributeurs automatiques, avec des œufs des propres poules, complétés par des produits de collègues du voisinage. Mariëlle s’engage en faveur d’une agriculture positive et durable.

Author: Antoon

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