Chronique: Renforcer les agriculteurs de demain

Notre société est en pleine transition. Nous cherchons collectivement des réponses aux défis transfrontaliers auxquels nous sommes confrontés. Regardez le changement climatique, avec des vagues de chaleur toujours plus longues, des sécheresses sévères et des inondations catastrophiques. Ou encore l’évolution fulgurante des technologies intelligentes qui envahissent – intentionnellement ou non – nos maisons. Cette année, nous franchirons le cap des 8 milliards de personnes dans le monde. La population augmente sur tous les continents, sauf en Europe où le vieillissement de la population est le plus avancé.

Ces changements se font aussi de plus en plus sentir dans l’agriculture. Le tableau est tout sauf rose. Le nombre d’exploitations agricoles en Europe a diminué ces dernières années, passant d’environ 15 à 10 millions. On estime que d’ici 2040, 6 millions d’exploitations supplémentaires auront cessé leurs activités. De fait cela va changer le visage de l’agriculture en Europe.  En outre, les signaux d’alarme sont encore plus forts si l’on considère les développements géopolitiques inquiétants dans le monde.

Aussi longtemps que j’ai vécu, la sécurité alimentaire en Europe a toujours été considérée comme acquise. De plus en plus, je me rends compte que ce n’est plus du tout le cas. Les sécheresses extrêmes en Europe causent d’énormes dégâts. En 2018 cela a coûté la France environ 2 milliards d’euros. En raison du changement climatique, les sécheresses deviendront plus fréquentes et les pertes pour l’Europe pourraient atteindre 40 milliards d’euros par an. En conséquence, la sécurité alimentaire mondiale est soumise à une pression croissante. Pendant la pandémie de COVID, le nombre de personnes vivant dans la famine a doublé, passant de 135 à plus de 270 millions. Les longues périodes de sécheresse aggravent la famine dans de nombreux pays du monde. Ajoutez à cela la guerre russe en Ukraine et la situation risque de devenir explosive. Le manque d’engrais et l’arrêt des exportations de céréales menacent de créer une énorme instabilité. Les prix mondiaux alimentaires sont déjà supérieurs de près de 30 % à ceux de l’année dernière. Pour l’instant, il s’agit d’un problème de prix des aliments, mais bientôt, ce sera un problème de disponibilité des aliments.

La question demeure : comment allons-nous continuer à nourrir une population mondiale croissante avec de moins en moins d’agriculteurs et de moins en moins de terres, et dans des circonstances aussi difficiles ? Pour moi, la direction que nous devons prendre est claire. L’Europe doit élaborer une politique qui encourage les agriculteurs, plutôt que de freiner leur esprit d’entreprise par des réglementations. La politique agricole européenne pour les années à venir a clairement pris le virage de la durabilité, ce qui mérite notre plein soutien. Le pot de subventions qui se réduit devrait être utilisé pour stimuler davantage plutôt que punir. Le meilleur moyen que nous puissions leur donner est d’encourager les agriculteurs à réfléchir au modèle économique qui leur convient le mieux. Enfin, le renouvellement des générations en agriculture doit devenir une priorité absolue. Grâce au pot européen, 3 % des fonds vont désormais aux jeunes agriculteurs. C’est loin d’être suffisant compte tenu de l’ampleur du défi que nous devrons relever à l’avenir. Il en faudra davantage pour donner à des milliers de jeunes agriculteurs une perspective d’avenir, pour maintenir notre sécurité alimentaire européenne et pour continuer à nourrir le monde.

Tom Vandenkendelaere
Député du parlement européen (cd&v/PPE)

Author: Antoon

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *